Les 20 et 21 Novembre : Depart pour El fin del Mundo
Encore un trajet interminable qui nous attend (un peu plus de 2000 km en 2 jours de bus). On prend le bus vers 7 heures du mat. Les paysages ne sont toujours pas tres varies : desert a perte de vue, aucun relief, des moutons, quelques guanacos et de temps a autre une station service poussiereuse au milieu de nulle part pour se degourdir un peu les jambes. On voit 4 films dans la journee, on mange 6 sandwichs jambon-fromage et nous voila arrives seulement 20 heures plus tard, dont 17 heures de somnolence, a Rio Gallegos vers 3 heures du mat (on a fait seulement la moitie du chemin pour Ushuaia et oui c'est loin le bout du monde).
Nouveau bus le lendemain apres une fin de nuit laborieusement passee sur les bancs de la gare routiere. Commencent ensuite les dunes et les foreuses a petrole (ici l'essence ne coute rien), puis des paysages plus proches de ceux qu'on imaginerait de l'Islande que de l'Argentine (vaste etendues plattes et vertes peuplees uniquement de mouton et d'agneau). Durant le trajet on fait la rencontre de Laurren et Yvan, 2 compatriotes avec qui on fera un bout de chemin. On doit passer 4 frontieres dans la journee (l'Argentine et le Chili se partagent la terre de feu, du coup, on sort d'Argentine pour entrer au chili pour finalement rerentrer en Argentine 2 heures plus tard ). On prend ensuite un car ferry pour un petit quart d'heures de traversee et encore 5 heures de bus pour enfin arriver dans la seule ville Argentine a l'ouest de la cordillere des Andes.
Les petis hommes verts debarquent au bout du monde
On arrive donc a 22 heures, extenues, avec la ferme intention d'aller camper a l'entree du parc nationale pour amortir l'achat de la tente et des matelas, mais le froid a la sortie du bus, la fatigue et la faim nous en dissuadent, d'autant plus qu'on tombe sur un rabatteur qui nous propose justement 4 lits dans son auberge et un moyen de transport pour nous y amener (quelle aubaine). On s'installe alors a l'auberge, sort vite fait pour faire des courses (le jour se couche a peine et se leveras vers 4h30, les nuits sont courtes, froides et venteuses : specialite ushuaienne) et on se prepare des pattes a la bolognaise avec du "tres bon" parmesan Argentin et on va enfin prendre cette douche dont on reve depuis 2 jours.
Le lendemain matin. Pour notre 10e jour de vent d'affilee et apres un petit dej' copieux face au Glacier Martial, on repete le rituel du premier jour dans un nouveau lieu, on prend nos marques, on se renseigne sur ce qu'il y a voir, a faire (ici pas grand chose), sur les tarifs (exhorbitants) et les endroits ou dormir et manger. On cherche aussi desesperement un rechaud et une casserole pour aller camper. Durant cette journee on en profite pour changer d'auberge et integrer un nouvel Hospedaje beaucoup plus convivial et agreable. La fille de l'auberge nous invite a ne pas aller au parc Tierra del Fuego et nous conseille une autre randonnee sur trois jours encore plus belle, bien moins frequentee (effectivement on ne verra personne) et non payante celle la. On se prepare donc a partir pour 3 jours de marche qui nous amenerons apres avoir franchi un col, a dormir aupres d'un lac qu'elle nous presente comme "muy lindo" et a monter voir un glacier le 2e jour. Pour cela on passe notre apres midi a arpenter les rues marchandes d'Ushuaia (ville de station par excellence abondante en magasins de sport et d'activites de plein air hors de prix, bondee de touristes), pour finir de s'equiper et pour faire des provisions de nourriture suffisantes (sans oublier la fameuse Quilmes pour l'apero au bord du lac).
Le 23 Novembre : La rando ratee
Depart le lendemain matin avec Ivan et Lauren. On prend un taxi qui nous depose au milieu de nulle part. Premiere etape : trouver le depart du sentier (beaucoup plus difficle a trouver qu'il n'y paraissait quand elle nous l'a explique, bref 2 heures a tourner en rond dans les buissons et la tourbiere, nos pieds sont deja trempes avant meme le debut de la rando). A la vue du premier piquet jaune, enthousiastes, on se sent deja envahis par la gloire, a nous l'ascension du col. Lors des premiers km, on traverse champs, forets, franchis des grillages par dessus, par dessous, traverse des rivieres (dont on profite pour remplir nos gourdes), et faisont les funambules sur des rondins de bois, tout ca sur fond de tourbiere detrempee.
Apres 2 heures a crapahuter, on atteind enfin un point de vue sympa sur la ville d'Ushuaia, le canal de Beagle et la cordillere Darwin aux cimes enneigees. Bref, point de vue qu'on se depeche de quitter car les eponges qu'on a maintenant aux pieds commencent a nous indiquer la necessite de reprendre le mouvement, d'autant qu'il est presque midi. Et c'est reparti pour la suite de cette rando "aquatique", heureusement aujourd'hui nous avons la chance de marcher sous un grand ciel bleu et d'etre epargnes par le vent (pour le moment). Au sortir d'une foret epaisse, boueuse et grincante, on se retrouve a flanc de montagne sur un enorme pierrier entrecoupe de neves faisant face aux cimes enneigees. Ce paysage nous evoque alors quelque chose de familier par son aspect proche des parcs naturels de chez nous. Le vent commence a souffler, c'est le moment d'enfiler nos vestes Gore-tex, nos bonnets et nos gants. On en profite pour enfiler aussi nos pantalons de pluie car on va bientot devoir traverser ces quelques plaques de neiges qu'on apercoit et qui nous paraissent de plus en plus grandes et de plus en plus profondes au fur et a mesure qu'on s'en approche. Apres avoir franchi le premier neve, on opte pour une sponsorisation Carrefour de nos pieds (on entoure nos chaussures de sacs plastiques pour traverser la neige) et on envisage de plus en plus l'achat d'une nouvelle paire de pompes, gore-tex ce coup-ci; meme si ca doit plomber notre budget compte tenu de l'enneigement particulirement tardif et important des parcs d'Amerique du sud cette annee.
On enchaine ensuite le 2e, le 3e, ... et ce jusqu'au 8e neve, ouvrant chacun tour a tour la voie et s'enfoncant jusquaux genoux alors que les autres profitent des traces deja faites. On passe notre temps a enfiler et enlever nos sacs plastiques pour les preserver pour le neve suivant. Il est maintenant 15 heures, le ciel commence a devenir menacant et le vent souffle de plus belle. On arrive enfin en bas du col que l'on croyait apres la montagne a droite ; mais il semblerait qu'il n'y ait pas de col a droite et qu'en fait ce soit celui que l'on apercevait des le depart au bout de la vallee qu'il faille franchir. Celui qu'on esperait surtout pas, compte tenu des 2 km de neige qui recouvrent ses derniers 500 metres de denivele. On se regarde, on echange trois mots incomprehensibles car le vent etouffe nos paroles et en moins de 30 secondes on decide de rebrousser chemin, d'autant que parmis les parametres defavorables a la poursuite de l'ascension, la cheville de Lauren ralenti pas mal sa progression ; premier echec du weekend (et oui il y en auras d'autres). Nous voila repartis dans l'autre sens, on a anbandonner les sacs plastiques car maintenant le temps compte, on evalue le retour a 3 heures de marche, alors il faut speeder un peu. Une fois la foret depassee on trouve une petite clairiere sans tourbiere, abritee du vent, nous offrant tous le bois necessaire pour faire un grand feu, bref un paradis pour les bivouaceurs ou on decide de planter la tente pour la nuit.
Chacun y met du sien pour monter le camp, Ivan part chercher de l'eau a 3/4 d'heure de la, Manu cherche du bois pour le feu et preparer un coin cuisine et salon abrite, Celine et Lauren montent les tentes. Quel bonheur de pouvoir enlever nos chaussures maintenant que tout est fait, nos pieds sont frippes et glaces, mais le feu va vite nous rechauffer et nous enfumer d'ailleurs (le bois est tres humide). Voici enfin venu le temps de l'apéritif et du repas au coin du feu, ce soir menu varie : pierrade de sandwichs jambon-salami-fromage accompagne de sa Quilmes, suivi d'un hot-dog grille au feu de bois servi avec son consomme Knorr de legumes et pour finir le fameux Budín Ingles (cake aux fruits confits fin et leger) et sa boisson chaude. Un brin de toilette au clair de lune et on file se coucher, pour enfin tester nos sacs de couchage et notre tente en conditions reelles.
Apres une nuit froide mais bien abritee on se leve sous la pluie, une legere ambiance bretonne flotte sur le campement. Deçus de l'echec de la veille et deja use par la pluie du matin, on decide donc de repartir a l'auberge et d'y passer la nuit suivante. On profite alors de ce jours de repos pluvieux pour faire quelques emplettes de Noel, preetexte pour s'offrir une paire de pompe de rando en gore tex pour pouvoir maintenant parer a toute toutes infiltrations d’eau quelqu’en soit la forme. Nous voila equiper pour attaquer le glacier Martial demain matin aux premieres lueures du jour.
Nos nouvelles shoes apres quelques jours d'utilisation
Le 25.11.07 L’ascension du glacier Martial Il est 10 h 00, comme prevue on attaque les premiers hectometres du glacier des l’aube ! après un court trajet en taxi qui nous amene au bas d’une piste de ski, on commence a gravir une pente abrupte de terre et de pierres, au moins une piste bleue, en compagnie de nos acolytes Laurene et Yvan. Au terme de cette ascension interminable d’une demie heure, on retrouve d’autres tourristes, montes avec le telesiege, sur un sentier etroit et boueux traversant quelques neves et nous menant en une bonne heure au pied du glacier. Terminus ! on reste la un moment a contempler cette masse neigeuse qui nous fait face, vierge de traces, alors que des groupes de tourristes equipes comme des alpinistes se succedent tour a tour pour un cliche devant la baie d’Ushuaia que l’on domine maintenant. Quelques peu deçus par ce spestacle que l’on esperait plus impressionnant et irrites par notre rando de la veille, on decide tous les 4 d’etre les premiers aujourd’hui a aller tracer une voie dans cette etendue d’un blanc immacule. Objectif : atteindre le sommet du Cerro Martial au moins Ascencion du glacier martial Autant attaquer l’Everest en espadrilles ! Apres 2 heures de lutte avec de la neige jusqu’aux genoux, parfois meme jusqu’aux cuisses, les mots guetres et impermeable commencent a reveler tout leur sens. Impermeable ne veut pas dire qu’ apres 2 heures dans la neige vous n’aurez pas des litres d’eau qui rentrent par le haut des chaussures, sauf si vous portez des guetres ; a mediter. Bref apres 2 heures