Premiers pas en Bolivie (du 10 au 17/02)
Le train de la mort
C’est aujourd’hui qu’on rentre dans l’Amerique du sud telle qu’on l’imaginais. Jusqu’a present le depaysement n’etait pas total. On a sillone des pays plutot occidentalises, inscrits dans un fonctionnement moderne et une culture assez proche de la notre par rapport a ce qui semble nous attendre en Bolivie.
Des le passage de la frontiere le decalage se fait sentir, plus d’asphalte, beaucoup de poussiere et d’ordures dans les rues. Apres avoir fait tamponner nos passeports, on negocie avec les chauffeurs de taxis du coin pour nous emmener en ville, car ici les taxis n’ont pas de compteur. En moins de 3 minutes le prix diminue de moitie. Arrives en ville on fonce a la gare en esperant pouvoir acheter des billets de train pour Santa Cruz des aujourd’hui car c'est le seul moyen de quitter cette province reculee. Mais pas de places pour aujourd’hui, il faudra donc attendre demain. On se trouve donc une chambre et on part decouvrir la petite ville de Puerto Quijarro a la recherche d’une cantine pour midi. La visite est rapide, quatre rues poussiereuses arpentees par de vieilles gimbardes rouillees et bruyantes, des dizaines de petites echoppes le long des rues abritant sous des tentures de fortunes quelques etalages fourre-tout eux aussi poussiereux. Des bars et cantines, ci et la, avec des terrasses qui semblent improvisees comme celle ou on mangera : 4 tables et quelques chaises posees pour moitie sur un trottoir defonce, coincees entre l’etal du boucher aux pieces de viande pendantes et l’escalier delabre de l’hotel d’a cote. Devant la terrasse, quelques brochettes de poulet sur un barbecue fumant alors qu’au fond de la petite habitation les enfants jouent et dorment sur un vieux matelas sale. Ce sera donc riz, poulet et salade pour le menu du jour (midi et soir), le tout sortit directement de la marmite d’une grosse dame a la peau mate et aux longues tresses noires.
Ce qui est saisissant ici, c’est pas seulement l’insalubrite et la pauvrete, mais c’est aussi le decalage qu’il peut y avoir entre une societe qui se veut moderne (internet, telephones portables, ...) mais qui vit de maniere rudimentaire dans un decor archaique, sans beton, poubelles ni tout a l’egout. Pourtant assez rapidement on se sent a l’aise, on trouve ici tout ce que l’on cherchait, un voyage beaucoup plus « roots ». Tout dans leur facon d’etre, de manger, de vivre, nous intrigue, c’est bien ce decalage que l’on voulait, mais c’est parfois presque genant d’etre attires par un paysage, une culture, une vie, en partie fascones dans la pauvrete, au point de parfois hesiter a prendre certaines photos avec le sentiment d’un voyeurisme deplace.
Le lendemain matin on sort a la recherche d’un petit dejeuner que l’on pourrait avaler a cette heure ci. Ici tout le monde dejeune dans la rue. De longues tables et des bancs en bois sont alignes le long des trottoirs et dans les bols on sert de la soupe au poulet et du jus de cacahuete, a deguster dans la poussiere des voitures et au son des klaxons. On galere un peu pour trouver et on finit par engloutir 2 empanadas au fromage et un gobelet de cafe sortit d’un vieux thermos.
A midi on embarque dans le "train de la mort". Aux vues des prix des billets on s’est permis de s’offrir la classe "pullman", quelle aubaine ! On prend donc place dans nos sieges aux housses dechirees et crasseuses mais inclinables (privilege de la classe pullman) pour les 22 heures de trajet qui nous attendent. Tres vite et avant meme le depart, c’est la cohue dans et autour du train : pendant que des familles entieres de boliviens embarquent avec des sacs plastiques debordants et des bebes sous les bras, des femmes de tout ages arpentent les quais et les couloirs du train avec des sauts remplis de boissons et des paniers garnis d’empanadas, de cuñapes (petits chous au fromage), de brochettes et de barquettes de ragout de poulet. Ah ! le train demarre enfin, prend de la vitesse et atteind rapidement son rythme de croisiere, environ 33 km/h avec des pointes a 35. Apres 10 minutes on commence a realiser qu’il n’ira peut etre jamais plus vite et apres 2 heures on ne se demande plus pourquoi ils l’appelent le train de la mort, meme les libellules vont plus vite.
Apres une bonne nuit de sommeil, ecrases sous le poids de la grosse dame de devant, berces par les ronflements de son mari et les pleurs du bebe de derriere, en evitant les crachats du petit con d’a cote, les pieds des gamins couches par terre et les poules dans l’entre deux wagons quand on va aux toilettes, on arrive enfin a Santa Cruz. Sans grand attrait touristique cette ville bien bolivienne n’est qu’une simple etape sur notre parcours, melange d’architecture coloniale et de quartiers delabres ou fourmille une grande partie de la population du pays. On se trouve une petite auberge coloniale aux douches agreables et on se delace dans les hamacs de son patio fleuri sous les caquettements des toucans qui y habitent.
Santa Cruz
Le soir on fete dignement notre 11e anniversaire dans le plus renomme des resto de la ville, ou pour 11 euros on s’offre un petit festin de specialites boliviennes : picante de pollo (ragout de poulet picant), majadito de canard et boeuf seche (estouffade de viande et de riz), ragout de boeuf marine au citron, le tout accompagne de riz au fromage, compotee de chouchou, frites de patates douces et de bananes.
Les missions Jesuites
Le lendemain on part pour un petit circuit de 2 jours dans les missions jesuites des environs. On embarque dans un micro bus qui en 4 heures est cense nous amener a San Xavier, premiere etape de notre visite. Un bus de 19 places est bien rentabilise ici, le bolivien etant petit et rablais on en rentre facilement une bonne trentaine. Et c’est donc entasses et sous un soleil de plomb que l’on entame le trajet.
Mais les routes en Bolivie c’est comme le reste, c’est le bordel, et apres une heure de trajet on se retrouve bloques dans un petit village attendant l’ouverture d’un pont, avec une centaine d’autres vehicules. Chacun attend alors patiemment a l’ombre des camions, consommant des boissons sucrees dans des sacs plastiques et quelques en-cas qu’apportent les multiples vendeurs de route, pendant que les chauffeurs de bus et de camions se gavent de feuilles de coca. Apres 3 heures on franchit enfin le fameux pont sur les rails d’une voie ferree et on poursuit notre trajet laborieux sur une route defoncee par les inondations recentes. Vers 17 heures on parvient finalement a San Xavier, petit pueblo ou se melangent Chiquitanos (indiens natifs) et descendants des colons espagnols dans un cadre vraiment joli. Au milieu d’une vegetation tropicale siege cette enceinte jesuite parfaitement conservee entouree de maisons aux toits de palme habitees par les indiens. En 2 jours, on decouvre 2 des plus belles missions sud americaines, San Xavier et Concepción, car les missions boliviennes ont la particularite d’etre parfaitement conservees, renovees et encore habitees.
Eglise de San Xavier
Elles presentes toutes une structure semblable centree autour d’une place principale et d’une grande eglise de bois, entourees de longs batiments coloniaux aux patios fleuris et aux colonnes de bois.
Eglise de Concepcion
Lors du trajet en bus nous avions voyage avec Mario, un petit garcon d’une dizaine d’annees qui revennait de la ville avec une mauvaise infection des yeux mais qui n’avait pas les moyens de se soigner. A Concepción, le lendemain on cherche donc l’hopital du village ou l’interne nous offre gracieusement un collyre pour Mario. En discutant avec l’infirmiere je lui dis que je travaille avec des nouveaux nes, elle me demande donc d’aller voir un petit qui est en couveuse pour lui donner quelques conseils. Elle m’explique que l’incubateur est un don recemment fait a l’hopital et que c’est la premiere fois qu’elles l’utilisent, etant rarement confrontees a ce genre de situation... Chasser le naturel et il revient au galop, et voila comment une puer en vacances se retrouve devant une couveuse a l’autre bout du monde a participer aux soins d’une jolie petite bolivienne de 2200 gr. De retour de Concepción on depose le collyre pour Mario et on retourne a Santa Cruz le temps d’une courte nuit.
Escale a Samaipata
Le lendemain on part pour Samaipata, petit village de montagne ou on va faire une rando en foret avant de poursuivre vers la ville de Sucre. On part pour une journee avec un guide local et un confrere touriste hollandais, au coeur d’une foret primitive situee sur les contreforts des Andes. Dans cette foret pleine d’orchidees (pas en fleur), de fougeres de toutes sortes, de cactus et de papillons, notre guide nous fait partager ses connaissances des plantes et de leurs vertues.
On croise un toucan, des singes, des pics vert et une multitude de papillons et on prend une bonne rincee avant d’atteindre un point de vue sur les montagnes pre-andines. Apres 7 heures de marche humides on rentre tranquillement a l’hotel pour une bonne douche chaude et une derniere nuit dans ce petit village aux forts accent allemand et francais.