Uyuni et le volcan Licancabur (du 22 au 28.02.08)

  

Apres avoir traverser des montagnes vallonees aux couleurs ocres, des vatses plateaux d’altitude ou paissent tranquillement les chevres locales (lamas), des valles verdoyantes traversees par un petit rio, on redescend des montagnes pour gagner la petite ville d’Uyuni. Dernier bastion humain avant la frontiere chilienne, Uyuni est situee aux portes du dersert de l’altiplano et culmine tout de meme a quelques 3700 metres d’altitude. Uyuni n’existe que par et pour le salar du meme nom, autour de sa place principale siegent une bonne soixantaine d’agences et une multitude de commodites pour touristes. Mais ici comme ailleurs c’est la saison des pluies. Le salar est inonde et il semble qu’aucune agence ne veuille s’aventurer a le traverser dans sa totalite. Quelle deception de ne pouvoir faire qu’une breve incursion sur le plus grand desert de sel du monde. Tant pis ! Alors que notre deception est quasiment digere, un petit bonhomme nous garantit que pour quelques dollars de plus son agence nous inonde de bonheur car le lever du soleil est d’autant plus beau sur le salar : “qu’est-ce que c’est que cette entourloupe, eux traverseraient le salar? ” Apres une 1 h 30 de discusion, durant laquelle notre petit bonhomme essaye de nous convaincre, photos du jour a l’appui, on finit par signer non sans quelques doutes pour un tour de trois jours avec eux. Normalement si tout se passe comme prevu on traverse entierement et des demain le salar en compagnie de 2 couples de motards chiliens, et on descend en trois tours jusqu’a la frontiere chilienne ( au milieu de nulle part) pour tenter l’ascension de notre premier quasi 6000 metres (5968 metres) : le volcan Licancabur. On trie nos sacs pour n'emporter que l’essentiel et a 9 h on embarque dans un vieux 4x4 (sans freins) en compagnie d’Orlando notre guide, chauffeur et cuisinier, suivis des 2 motos.

      

Des notre arrivee sur le salar l’eau atteind le milieu des roues et les 2 passageres motardes embarquent rapidement a nos cotes pour faciliter la tache de leurs compagnons. La vue est incroyable, le ciel encore couvert donne l’impression d’une immense etendue neigeuse entrecoupee de lacs ou jaillissent des monticules de sel. On avance lentement sur la surface inondee et a mesure que l’on s’eloigne on perd tous reperes. L’immensite prend toute sa mesure et nous laisse decouvrir un décor surrealiste. Maintenant plus aucune trace de vie, les autres 4x4 ont rebrousse chemin et on se retrouve seuls au monde. Comme au milieu d’un reve, le reflet du ciel et des montagnes sur l’eau du salar rend imperceptible la limite entre ciel et terre. Seul le bruit des moteurs nous rappelle qu’on a encore les pieds au sol.

  

Les motos galerent de plus en plus sur cette etendue plate et irisee ou les distances paraissent infinies. Enfin l’ile del pescado apparait comme un mirage, sortant de nulle part dans ce paysage flou et incertain. Au fur et a mesure qu’on s’en approche ses contours se dessinent, l’eau baisse et on finit par accoster sur ce havre aux cactus pour la pause dejeuner. Petite oasis perdue au milieu du desert, l’ile est recouverte de cactus candelabres de plusieurs metres de hauteur au milieu desquels voletent oiseaux et papillons.

   

Apres une courte pause, on repart pour 2 heures de ligne toujours droite, au milieu du salar et le niveau de l’eau remonte a nouveau. Nos amis motards extenues n’en voient pas la fin et on sent poindre chez notre guide une certaine tension. Enfin au loin apparait une route de terre synonyme de retour a la civilisation. Soulagemnent pour notre guide rapidement evanoui par une sensation de roue qui tourne dans le vide. Alors que 3 metres nous separent de cette fameuse route, nous voila embourbes dans un marasme de sel, avec de l’eau jusqu’aux cuisses. Premiere intervention de l’assistance moto qui apres avoir deguste de bonnes gerbe de sel permet aux deux roues de toucher la terre ferme. Rapidement on sort egalement le 4x4 de ce bourbier, qui repart un peu plus loin et s’enfonce de plus belle dans un terrain de sel encore plus mou. Cette fois notre guide est vraiment affole, de l’eau jusqu’au moteur noircie par l’echappement, 4 roues qui tournent dans le vide, personne a l’horizon et bien sur pas une planche dans le vehicule : “puta de puta madre” (traduction : ce coup ci on est vraiment mal). Mais le tourisme qu'on aime c’est aussi ca, l’aventure, sinon ce serait pas marrant. Et après avoir creuse, glisse des pierres et pousse pendant plus d’une heure on finit par sortir notre joli camion rouge de son cauchemard blanc.

     

Epuises, mouilles et sales jusqu’aux os on merite bien un peu de repos, et quoi de mieux pour desaller qu’un hotel de sel. On pose donc nos valises dans cette jolie petite maison aux briques marronees et apres une douche et une soupe, on se jette pour une bonne nuit de repos sur nos sommiers sales.

A 5 heures du mat on embarque tous dans le 4x4 pour aller a nouveau jouer dans le sel. Mais ce coup ci c’est pour admirer les reflets bleus, verts, roses et oranges de l’astre du jour qui fait a peine son apparition sur la grande etendue blanche. Comme le froid, le spectacle est saisissant.

     

  

Apres un bon petit dej, on repart tous pour 280 km dans la boue, le sable et les cailloux, et on traverse des etendues desertiques au décor lunaire sur fond de volcan enneige.

     

Au fur et a mesure des km on decouvre des lagunes aux odeurs de souffre et aux couleurs incroyables ou paissent des lamas et pechent des flamands roses.

    

    

Au terme de cette journee on arrive juste a temps pour profiter de la teinte ocre rouge dont se pare la fameuse laguna colorada sous l’effet des rayons du soleil.

     

Ereintes par cette journee, la soiree est encore courte : extinction des feux a 8 h dans le dortoir de notre equipe de choc. Le lendemain on embarque frais et dispos avant meme les premieres lueurs du jour dans notre 4x4 au chauffage “performant” et on se dirige vers le champs de geysers a quelques 4800 metres d’altitude. Le jour se leve a peine et on devine derriere les collines de sable dore les fumees volcaniques denses et opaques qui jaillissent de l’antre de la terre. Le decor est cahotique.

     

On se promene au milieu des jets de vapeurs, des bains sulfureux et bouillonants armes de nos sucettes (gout fruit exotique) pour eviter les desagrements olfactifs avant de reprendre la route en direction des sources chaudes naturelles. Apres un bon bain en plein air et un bon gateau cocotte prepare par notre guide, on se rend au pied du volcan Licancabur, pour admirer les lagunas verde et blanca.

    

 Nos routes se separent ici, nos amis motard rentrent au Chili, notre chauffeur repart sur Uyuni alors que nous restons sur place. On s’installe donc dans un petit refuge au milieu du desert sans aucun touriste a l’horizon. Le refuge est un lieu de passage ou s'arretent seulement quelques francais en quete de sommets, qui garde pour seul contact avec la civilisation une radio VHF aux frequences saturees. On rencontre Pedro tenancier de l’hotel et guide de notre ascension du Licancabur prevue demain. Ascension tant attendue et tant redoutee. Va-t-on etre capables d’atteindre ce sommet a presque 6000 metres, de grimper ces 1500 m de denivele sans difficultes compte tenue de la rarefaction de l’oxygene a ces altitudes ? C’est donc soucieux que l’on file se coucher apres une petite soupe.

3 h du mat, a peine endormis le reveil sonne deja, j’ai mal au ventre, Celine est fatiguee et tres anxieuse, bref toutes les conditions sont reunies pour rester couches. Mais c’est maintenant ou jamais. Apres une petite disussion, ou on s’enleve toute pression concernant l’accession au sommet, on reunit nos forces et on rejoint notre guide en cuisine. A cette heure rien ne passe, surtout pas une soupe de lama et des oeufs au plat, on grignotte quand meme un peu de pain, avale une boisson chaude et on embarque la boule au ventre dans le 4x4 direction le pied du volcan. On entame l’ascension a la lumiere de la lune, contre toute attente on ingurgite les 3 premieres heures sans sourciller et sans s’arreter.

Maintenant le soleil est parmis nous et on decouvre avec stupeur la distance qu’on a deja parcourue et avec effroi celle qu’il reste a parcourir. Notre rythme s’amenuise petit a petit et nos pauses sont de plus en plus rapprochees. Chaque pas deviens plus difficile et chaque respiration plus haletante. A ce moment une seule idée en tete : “je suis un puma, j’arriverais sans souci en haut de cette montagne, tranquilement mais surement”. L’ascension devient de plus en plus difficile, la pente de plus en plus raide et on s’essoufle de plus en plus vite. On s’arrete maitenant tous les 10 pas pour recuperer et on commence a demander regulierement a notre guide combien de temps il reste. L’idee qu’on y arrivera pas commence a nous passer par la tete. Mais a chaque fois on se lance pour un dernier run, et encore un dernier. Notre guide placide depuis maintenant  2 heures nous attend toujours un peu plus haut, mais ineluctablement on le rejoint le souffle court et la tete lourde. On atteind finalement la fameuse arête que l’on convoite depouis un certain temps pour decouvrir qu’il ne reste qu’une centaine de metres d’ascension. On sait maintenant qu’on va y arriver, ce n’est plus qu’une question de temps.

    

Et quand on arrive enfin a la cime apres 6 heures de montee on regrette presque qu’il manque 30 metres pour faire 6000. A la vue des fanions tibetains qui ornent le sommet un sentiment de plenitude et de fierte se degage, avec l’impression de faire partie des quelques (meme si ils sont nombreux) “guerriers” a y etre parvenus. A ce moment c’est plus la satisfaction d’avoir emporte le combat (interieur) que le decor qui prime. Apres 5 minutes de recuperation on decouvre enfin les paysages qui nous entourrent : cote bolivien la laguna verde qui brille a nos pieds prise dans l’immensite des terres volcaniques surmontee d’une chaine de montagne enneigee ; alors que cote chilien c’est une chute libre vertigineuse de quelques 3000 metres jusqu’aux plateaux desertiques d’Atacama qui nous offre une veritable vue aerienne. A peine le temps de savourer notre victoire avec un petit mate et quelques figues sechees qu’il faut deja repartir. La redescente est atroce 1500 metres de denivele au milieu d’un pierrier glissant qui n’en fini plus. Et plus on descend plus on se rend compte de ce qu’on a monte. Apres 2 h 30 de glissades plus ou moins controlees on retrouve enfin le 4x4. De retour au refuge on se couche les muscles endoloris et la tete ballonee pour une petite sieste qui durera jusqu’au lendemin matin. Comme nous avait promi notre petit bonhomme de l’agence, un vehicule nous recupere au passage et nous ramene a Uyuni.

 

Apres ces 5 jours dans le desert et en haute altitude, exposes tour a tour, a des chaleurs torrides, des nuits glaciales et des vents violents, a se lever chaque matin a point d’heure, on mettra 4 jours pour recuperer au coeur de la capitale bolivienne, suite de notre periple. De La Paz on verra surtout la chambre de l’hotel, telecommande en main. On sortira tout de meme pour quelques visites en centre ville dans les nombreux marches d’artisanat et pour se restaurer.

Apres avoir recupere, le 4e jour Manu se lance sur le fameux Camino de la muerte : 6 heures de descente en VTT sur 3000 metres de denivele le long d’un chemin de pierres borde d’un precipice abrupte ; sans accrocs ni embuches.

 

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