La selva amazonica 2, Nuevo Rocafuerte et le parc national Yasuni
Apres cette longue transition en transports en commun on passe enfin la frontiere de l´Equateur et on arrive a Guayaquil ou on espere organiser un petit sejour aux Galapagos. Guayaquil est la ville la plus importante d´Équateur, c´est une ville plutot occidentalisee avec de grands centres commerciaux, des Mcs Do et Burgers King a tous les coins de rue, sillonee par des gens presses en costumes cravates et attaches case a la main. On passe donc trois jours ici et on s´organise avec une agence une petite semaine dans les Galapagos avec une croisiere de 5 jours dans les iles de l´archipel a partir du 11 avril. Maintenant tout etant au point, on peut enfin quitter Guayaquil, presses de retourner quelques jours dans la selva amazonica, mais cette fois cote equatorien.
On prend un bus de nuit en direction de la petite ville de Coca en plein coeur de l´Oriente pour seulement 17 heures de trajet. Des le lendemain de notre arrivee on s´enfonce un peu plus dans la jungle en prennant un petit bateau pour Nuevo Rocafuerte. 11 heures dans un grand canoe d´une cinquantaine de places, serres comme des sardines. Le parcours s´avere assez folklorique dans cette embarcation qui s´arrete chaque demie heure dans les communautes qui bordent le rio, pour debarquer sur une petite planche de bois des familles entieres et les kg de vivres qu´ils ramenent de la ville. A 20 heures on arrive enfin a destination.
De retour sur les rives du rio Napo. Nuevo Rocafuerte est une petite communaute de 500 habitants, 3 magasins, un bar et une discotheque dans des paillotes de bois. A 5 jours de bateau au nord d´Iquitos et a quelques km de la frontiere avec le Perou, la communaute (qui est avant tout un lieu de passage) est une des enclaves les plus profondes de l´Equateur dans la jungle. Malheureusement ici la foret est moins bien preservee en raison d´une importante exploitation petroliere depuis 1968. Mais des notre arrivee on retrouve bien l´ambiance amazonienne, des petites maison de bois sur pilotis coincees entre un epais rideaux de vegetation tropicale, les moustiques et la chaleur moite, le yuca, les bananes grillees et la musique dans les rues. A la sortie du bateau, Sandro nous attend. Guide dans la jungle il a ete averti par ses collegues de Coca qu´un couple de francais allait debarquer pour quelques jours. On se rend avec lui dans le petit hostal du coin, et autour d´une biere on plannifie une petite excursion de 2 jours dans le parc national Yasuni, avant de se glisser tout excites sous nos moustiquaires pour une bonne nuit de sommeil.
A 8 heures du mat on retrouve Sandro pour embarquer en canoe en direction du parc avec tout le materiel necessaire pour camper dans la foret ; en fait, on est censes le retrouver, mais il semble qu´il ait eu une nuit plus agitee que prevu, et on passe une bonne heure 1/2 a faire connaissance avec un couple de perruches en attendant qu´il montre le bout de son nez.
On embarque enfin dans son petit canoe a moteur et on remonte le rio pendant une heure jusqu´a l´entree du parc. En chemin on rencontre des dauphins roses, des loutres, un couple de macaos rouges (qu´on a pas vraiment vus !) et differentes varietes d´oiseaux. On rentre ensuite dans une grande lagune, au milieu des roseaux, palmiers et jacynthes d´eau et on s´enfonce entre des buissons epineux pour debarquer dans une petite clairiere ou on installe notre camp.
Pendant qu´on monte les tentes, Sandro s´affere deja aux fourneaux, et en un quart d´heure nous prepare un vrai festin. Apres le repas on repart en canoe, on remonte un petit bras du rio pour rejoindre un sentier dans la foret. On s´enfonce dans les bois et dans la boue pour une petite promenade avec degustation de specialites locales : jus de lianes, seve d´arbres aux proprietes medicinales (bien venues pour mon ventre), fruits exotiques acidules et fourmis au bon gout de citron.
Au cour de cette promenade Sandro nous raconte un peu la vie des indiens Huaranis, leur vie de nomades, leurs moeurs guerrieres, leurs methodes de chasse ou encore l´usage qu´ils font de certaines plantes (antalgiques, antidiarheique, luminescente ou encore contraceptif). On ramasse quelques graines et des feuilles de palmiers (qui nous serviront plus tard a faire de l´artisanat), des feuilles de bananier pour cuisiner ce soir. On construit des fleches de sarbacane, on ecoute des grosses larves se goinfrer de chaire de palmier et on admire l´agilite des petits singes a tete de lion (impossibles a prendre en photo) avant de reprendre le canoe pour rentrer au camp.
Sur le chemin du retour alors que Sandro rentre preparer le repas, il nous confie 2 rames et une petite coque de noix pour explorer la lagune de long en large et approcher discretement les oiseaux qui peuplent ses rives. On rentre au camp juste avant la nuit alors que Sandro sort de sa casserole des petits baluchons de feuilles de bananier garnis de paiche (enorme poisson prehistorique a la chaire tendre), des platanos (bananes plantain), du riz et une petite salade de tomate et oignons rouges. On dine avec en fond sonore le bruit des grillons, grenouilles et oiseaux nocturnes, et a la lueure de chandelles, propices aux recits d´aventures amazoniennes que nous conte Sandro. Vers 21 h 30 on reprend le canoe pour un petit tour de nuit, sopus la lumiere des etoiles et des puissant champs magnetiques qui illuminent le ciel par intermitence. Le monde sauvage qui nous entoure devient encore plus mysterieux dans cette obscurite partielle ponctuee de bruits etranges et parfois inquietants. Sous un arbre epais aux branches qui trempent dans l´eau, notre guide descend du canoe pour assomer quelques poissons endormis qui serviront d´appats pour la peche de demain et ramene sous nos yeux ebahits, en plus du poisson, la surprise du chef. Un bebe caiman de 30 cm de long a la peau douce et froide et aux petits cris aigus. L´animal d´environ un an, quasi hypnothise par la lumiere des lampes torches, est tout a fait inoffensif ; des grands yeux jaunes et de petites dents qui lui donnent un air vraiment sympa.
Apres quelques explications sur les caimans on relache la petite mascotte dans l´eau. Mais Ali Gator ne veut plus partir, il reste paisiblement a cote du canoe a flotter entre deux eaux.
Apres une petite tisane au miel de la foret, on va se coucher dans notre tente la tete remplie des images de cette rencontre fortuite. 6 heures du mat, apres une bonne nuit sans moustiques, on enfile nos fringues boueuses et nos chaussures humides pour aller faire un tour matinal sur la lagune. Bien matinale c´est le mieux pour voir les oiseaux, mais trop matinale et tous les oiseaux dorment encore. On vire alors une petite demi heure sur la lagune sans voir grand chose et finalement on fait demi tour car le cile devient tres menacant. A peine le temps d´arriver au camp, d´accrocher rapidement une bache sur la tente et on se prend un averse diluvienne pendant plus de 2 heures. On en profite pour se reposer un peu et retirer la fibre textile des feuilles de palmier qu´on a cueilli la veille, qui nous servira de fils naturels pour confectionner bracelets et colliers.
Apres le petit dejeuner le soleil ressort et on peut enfin continuer nos activites. On saute dans le bateau et on se dirige vers un sentier dans la foret pour essayer de voir des pecaris. En chamin on croise 2 pecheurs qui expliquent en quelques mots de Quechuas qu´ils ont au bout d´une de leurs lignes une jolie prise qu´il faut venir voir. On les prend alors dans notre embarcation et on se dirige vers le coin en question. On arrive au pied d´un grand arbre immerge, Sandro fraye un chemin a la barque au travers des branches jusqu´a la ligne, tire sur le fil avec difficulte et remonte jusqu´a la surface un enorme monstre d´au moins 3 metres, plutot de mauvaise humeur. Le caiman faignant a prefere manger le poisson au bout de la ligne plutot que de chasser lui meme sa propre proie et se retrouve maintenant prit au piege avec un hamecon dans la gorge. L´animal se debat et secoue un peu l´embarcation ou chacun d´entre nous s´agrippe bien. Les 3 locaux (locos) decident de remorquer l´animal jusqu´a une petite plage ou ils pourront liberer l´animal sous nos yeux. Sandro accroche le fil a la barque et remonte le caiman jusqu´au flanc de celle ci pour ne pas lui laisser trop de mou.
La bestiole est furieuse et Celine paniquee par la manip et par le monstre vraiment impressionant se refugie au fond de la barque, le plus loin possible du saurien. D´une puissance incroyable, il tire, donne des coups de queue et remue sans difficulte les 7 metres du bateau. A ce moment la personne ne fait le malin. On vance tout doucement et petit a petit le caiman cesse de se debattre ; Sandro nous explique qu´en fait il est en train de se noyer. Un des pecheurs tire alors un peu plus sur la corde pour lui sortir la gueule de l´eau. On arrive enfin sur la plage ou tout le monde pense l´animal caiment mort... Mais finalemant il remue encore, il est en fait bien sonne. Ils ariment la corde a une branche et le tractent jusque sur la plage pour admirer l´enorme saurien, le mesurer (3,5 metres) et le liberer plus facilement.
Le temps qu´il recupere ses esprits on prend quelques photos. Avant de le remettre a l´eau j´essaye de retirer de sa gueule l´enorme branche qu´il a saisi, mais meme en tirant de toutes mes forces je ne parviens meme pas a la faire bouger d´un cm. On prend nos distances et Sandro coupe le fil de l´hamecon (on sait pas pourquoi il veut pas aller recuperer l´hamecon au fond de sa gorge), il remonte dans la barque et le saisit par la queue pour le tirer jusqu´a l´eau. Un dernier regard menacant et l´animal encore semi conscient s´enfonce doucement dans l´eau avant de s´eloigner.
Waouh, quelle aventure, la pression retombe et nous aussi on recupre tout doucement nos esprits (guide et pecheurs y compris). On entame ensuite notre marche a travers la foret en direction du saladero ou les cochons sauvages sont peut etre en train de faire trempette. Des grognements, des claquements de dents et de cris aigus, il semle bien qu´ils soient la. On avance a pas feutres jusqu´a une petite clairiere ou on s´accroupi pour observer le troupeau de pecaris qui fouillent la terre a la recherche de larves fraiches. Autour de nous une centaine d´ombres furtives averties par notre odeur se faufilent a travers les branchages dans un vacarme ahurissant.
On rebrousse chemin et on retourne au camp pour manger et remballer le matos. Apres le repas Sandro nous confectionne trois cannes a peche et on part se poser a la sortie d´un petit rio aux eaux noiratres pour tenter de pecher notre repas du soir. Une fois n´est pas coutume, et avec une dexterite hors du commun (pour moi) je remonte tres fierement 4 pirhanas. Sandro en profite pour nous montrer la puissance et la ferocite du poisson carnivore. Il ramasse une petite branche qu´il lui glisse dans la gueule, et d´un claquement de machoires soudain, le poisson au petites dents bien affutees tranche net le morceau de bois. Impressionant, on a pas envie d´y mettre le doigt !
Il est maintenant l´heure de rentrer, on recroise les pecheurs qui ramenent dans leur canoe 3 pecaris fraichement chasses et de beaux filets de paiche, qu´ils nous confient pour ramener a leurs familles. Sur le chemin du retour on s´arrete donc dans des petites maisons au bord du rio, et pendant que Sandro depose le butin on fait connaissance avec les animaux domestiques.
De retour a Nuevo Rocafuerte on arrete le canoe en bas des grands escaliers et pendant qu´on debarque tout le materiel les enfants du village, Shampoing et dentifrice a la main, barbotent dans l´eau du rio pour la douche du soir.
On rentre a l´hostel pour prendre nous aussi une petite douche avant de rejoindre Sandro chez sa cousine pour manger nos petits pirhanas. Ce soir c´est samedi soir et Sandro et les jeunes du village nous invitent a aller boire un coup a la discotheque. Sous la paillotte musique latine suave au programme, salsa, merengue et reggaeton. Tous veulent danser avec les gringos (surtout avec Celine) et nous apprenent les rudiments de la salsa.
L´ambiance est chaleureuse et la biere coule a flot. Deja 3 heures du mat, on va quand meme se reposer 1 petite heure a l´hostal avant de prendre le bateau a 5 heures pour les 14 heures de trajet qui nous ramenent a Coca, durant lesquelles on aura bien le temps de dormir.