Escale aux caraibes, Livingstone, Utila, Cayos Cochinos

La lancha qui nous amene a Livingstone traverse le lac et descend le rio au milieu d’une epaisse foret tropicale avant de rejoindre la mer des caraibes et ses petits ports de peche. Tout au long du rio on retrouve les petites maisons sur pilotis aux toits de palme qui nous rappelent etrangement l’Amazonie.

  

Apres 1 h 30 de trajet les eaux tranquilles du rio deviennent de plus en plus tumultueuses, on debouche sur l’ocean ; et maintenant les berges fleurissent de petites maisons colorees, nous voila enfin arrives a Livingstone.

  

A la descente du bateau, on est accueilli par un vieil homme noir de peau avec une bonne tete de vaudoux qui nous propose de coucher dans son hotel plutot miteux. Tant pis pour la magie noire, on prend le risque de refuser son offre et d’aller voir ailleurs. On parcours alors une ruelle aux petites maisons de bois style louisianne et aux grandes terrasses fleuries au milieu de groupes de rastas qui parlent entre eux un dialecte incomprehensible. Nous voici chez les Garifunas, descendants d’esclaves africains abandonnes ici par les conquistadors, qui se sont maintenant installes en petites communautes de pecheurs tout au long de la cote caraibe du Belize au Nicaragua, et le depaysement est plutot sympa.

  

Des crevettes, du crabe, du poisson, 70 % de blacks tresses et pas stresses du tout, des mouvements de hanches saccades sur des rythmes langoureux, on trouve ici l’humeur et la chaleur creole. Apres quelques hesitations, on pose finalement tous les 3 nos gros sacs ( car la petite Marie est encore la) dans le plus vieil hotel de la ville. Une grande batisse de bois a la facade blanche qui donne sur la rue principale et qui vibre aux rythmes de la trompette de Louis Armstrong.

   

Le long de ses grandes colones coure un bougainvillier mauve somptueux qui abrite sous ses branches une grande terrasse ombragee au parquet grincant desservie par trois larges marches. Derriere les sveltes portes fenetres, la terrasse se prolonge en un salon aere dont la fraicheur est vraiment apaisante, et a l’etage, devant les petites chambres, la grande terrasse abrite sous son plafond lazure d’un bleu tendre de grands hammacs balances par un leger souffle. Dans les rues defile la vie paisible des Garifunas, les ecolieres en uniformes avec leurs petites tresses et leurs perles de couleur, les femmes au coin des rues qui vendent leurs tortillas au frijol, les pecheurs a velo qui remontent du port crabes, crevettes et poissons frais, quelques groupes de jeunes qui jouent des percussions et dansent devant les terrasses des cafes. 

  

On passe ici quelques jours tranquilles entre les hammacs et la terrasse de l’hotel, les plages et les discotheques au bord de l’eau, a manger du Tapado (specialite a base de poisson ,crabes, bananes et lait de coco) et des crevettes fraiches, et a confectionner des bracelets bresiliens. Le soir quand la chaleur et la luminosite se font plus douces, les bruits de la rue cedent la place aux repetitions du spectacle dominical de la fanfare locale.

  

Les roulements de tambours jouent alors des rythmes ancestraux qui nous renvoient sans peine quelques siecles en arriere a l’epoque des pirates, des galions, de la contrebande du rhum et des pendaisons publiques. Mais au bout de 4 jours, la vie dans ce petit port perdu ou le temps semble s’etre arrete commence a devenir pesante. On passe notre temps a offrir des clopes et a payer des coups ; et ce que l’on fait au depart naturellement et avec plaisir devient vite saoulant, ca devient une habitude, et l’amabilite de certain commence a reellement manquer de sincerite. Mais bon, on nous avez prevenus : “ici ne laisse jamais ton paquet sur la table”.

Il est temps pour nous de mettre les voiles et de descendre un peu plus au sud, toujours dans les caraibes mais sur la cote du honduras cette fois. On quitte alors le Guatemala et apres une petite journee de trajet on arrive a la Ceiba, ville cotiere hondurenienne ou les gens sont vraiment adorables, mais vraiment tres moche ( la ville bien sur). Des le lendemain on embarque dans un ferry en direction de l’ile d’Utila, la plus roots et bon marche des islas de la Bahia ou on compte bien se faire une bonne session de plongee a moindre cout sur la barriere de corail.

Arrives sur place, on a l’embarras du choix car les clubs de plongee poussent ici comme les cactus au Mexique. On retrouve avec surprise la petite Marie qui s’est lassee avant nous de Livingstone. Elle nous presente Tatiana, gerante d’un hostal club de plongee, avec qui on signe pour un pack de 10 plongees chacun sur le recif, logement compris, pour une somme qui ferait rougir de honte tout les clubs de plongee d’europe.

  

Sur l’ile l’ambiance est plutot sympa, tres a la cool, remplis de jeunes du monde entier venus plonger ou apprendre a plonger. La ville est construite autour de deux rues principales ou ont fleuris clubs de plonges, restos, bars et discotheques. Tatiana nous installe dans une petite chambre qui donne sur le ponton d’ou le soir on profite aisement de la musique du Tranquila Bar en dessous et le matin (genre 6h) des brailleries des vieux marins des caraibes qui entament la journee a coup de rhum, se gueulent dessus a 2m de distance avec la voix de popeye et un accent anglais a couper au couteau (car ici l’anglais est la langue officielle) en ponctuant leur phrase d’un “fuck” tout les deux mots environ. Le premier jour c’est rigolo, le 6e on a la tete comme un ballon..  

   

Au cours de cette semaine la vie sur l’ile est vraiment difficile. On descend 2 fois par jour a 20 m de profondeur en moyenne dans un veritable jardin d’eden sous marin accompagne par un amphibien anglais a la barbe rousse et la casquette vissee sur la tete (plutot facile a reperer sous l’eau car les poissons n’ont pas de casquettes) qui nous fait decouvrir tranquilement le moindre cm2 du recif.

  

Le decor est extraordinaire, des milliers de coraux de toutes les formes et de toutes les couleurs qui ondulent au gres des courrants entremeles d’eponges gigantesques, et au milieu de tout ca une vie feerique digne d’un film de Walt Disney. Des merous enormes qui rodent autour de leurs cavernes, des raies noires tachetees de blanc qui plannent gracieusement autour de nous, des tortues vertes qui se nourrissent paisiblement des plantes du recif, des petits hypocampes, des crabes longilignes a pinces bleues, des etoiles de mer, des limaces aux couleurs exhuberantes.

  

  

De temps a autre une epave romantique fleurie de coraux sous laquelle se terrent de grands baracudas a l’affut d’une proie egaree, des champs d’anguilles qui sortent toutes ensembles de leur trous comme ensorcelees par une musique lancinante et des centaines de poissons multicolores aux formes etranges, plus beaux les uns que les autres. Chaque plongee est un vrai reve dans ce monde calme, envoutant et silencieux.

  

  

  

Au terme de nos 10 plongees on decide d’explorer le recif une derniere fois mais cette fois ci dans l’obscurite. De nuit ce monde revet un aspect plus inquietant, et ses mysteres se revelent uniquement a la lumiere de la lampe. Alors que la plupart des poissons colorees somnolent tranquilement couches sur les rochers, tous les noctambules sont de sorties, crabes enormes, crevettes, langoustes, et un paquet de poissons etranges a la robe rouge et aux yeux globuleux (pour mieux voir de nuit). Une fois le stress de cette plongee particuliere passe, on se pose sur un bout de sable au fond, on eteind nos lampes, le noir se fait complet et on agite nos mains pour faire jaillir des eclairs de lumieres dus a la frictions des microparticules qui flottent autour de nous : la bioluminescence, magique !

   

Apres ces 5 jours subaquatiques intensifs, alors que nos poumons se changent en branchies, on a vraiment du mal a quitter ce petit paradis, d’autant qu’il nous reste une centaine de sites a explorer et notamment la face nord de l’ile ou on a pas encore mis les nageoires. On pousse alors encore un peu le vice et on s’offre 2 plongees supplementaires. Tatiana nous organise pour cette derniere sortie un petit programme sympa, qui nous amene decouvrir le cote nord et, entre les 2 plongees, manger un fishburger sur une petite ile de pecheur. On decouvre alors de nouvelles varietes de poissons dans des reliefs bien differents de la face sud, certains profiles comme des avions furtifs.

     

Ici les coraux sont moins abondants mais la roche se decoupe en de petits labyrinthes que l’on explore jusqu'à tomber sur le clou du spectacle : face a nous une murene verte sortie de son trou pour nous offrir une petite danse du ventre, elle ondule ses 2 m sur toute leur longueur pour se deplacer agilement entre 2 eaux et nous tourne autour avec son air menacant durant une bonne minute, vraiment epoustouflant.

On profite alors de la pause de midi et du fameux fishburger pour decouvrir les Cayos autour d’Utila. Ce sont de minuscules petits ilots de sables blancs decores de deux cocotiers et entoures de corail et d’eau turquoise. Apres le repas on se fait une derniere plongee dans un site foisonnant de corail somptueux. 

  

 

Maintenant, il nous faut vraiment reprendre notre chemin, mais en douceur. On se fait une derniere petite escale dans les caraibes quelques km plus bas, sur les cayos Cochinos et plus precisement l’ile de Chachahuate que l’on ne peut rejoindre qu’avec une barque de pecheur.

  

Loin des hordes de touristes Chachahuate est un petit village de pecheur construit sur une minuscule petite ile paradisiaque : 100 m carre ou plutot rond de sable blanc.

  

Sur l'ile une petite quizaine de cabanes en bois aux toits de palmes, une trentaine de famille qui vivent exclusivement de la peche, se nourrissent de poisson, de riz et de plantains, et une centaine d’enfants plus beaux les uns que les autres qui jouent dans les eaux turquoises.   

  

   

Ici la vie est vraiment coupee du monde et l’atmosphere ressemble a celle d’un petit village cotier africain. Peche, hammac et partie de foot endiablees entre les petites cases de bois.

  

On coule ici quelques jours paisibles a perfectionner nos techniques de bracelage et a subir les maltraitance capillaires que nous infligent les enfants.

   

On part a la recherche des boas roses du petit Cayos d’en face.

   

On apprend les rudiments de la peche a la mode d’ici. 

  

Il est temps de quitter definitivement les caraibes pour retourner dans les montagnes du Guatemala, au terme d’une journee epique qui nous amene du Cayos a la frontiere. 

  

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