La laguna Quilotoa et le Volcan Cotopaxi
De retour a quito pour la 3e fois, et encore une fois juste pour un rapide transit de l’aeroport a la gare de bus que l’on commence a bien connaitre. Ce coup ci on embarque pour 3 petites heures de trajet jusqu’a la ville de Latacunga, point de depart des excursions vers le cratere de la lagune Quilotoa. Latacunga est une petite ville assez active mais sans charme particulier, on y arrive vers 23h30 et on trouve assez rapidement une petite chambre sur la place centrale avec une vue agreable sur l’eglise coloniale. Au lever on parcourt la ville de long en large et on se rend au grand marche pour faire quelques provisions pour notre excursion du jour. Au marche on mange dans un des multiples petits stands pour 1 dollar 50 et on decouvre la specialite locale, des petites galettes frites de mais garnies aux poireaux et au fromage; un vrai delice et bien sur tres peu calorique ! et pour le dessert le litchi local a la peau poilue et au gout de litchi mais en plus fruite. Apres ce petit repas leger on reprend la route direction les montagnes, le chemin est jolie, des collines valonees verdoyantes a perte de vue et quelques pitons rocheux qui jaillissent ci et la.
Le bus nous depose dans un petit village isole d’ou on prend une camionnette pour remonter une route chaotique jusqu’a une communaute indienne au pied de la laguna Quilotoa. On retrouve ici les petites femmes au sourire humble et a la longue natte brune nouee et enserree dans de joli tissus colores et surmontee du traditionnel chapeau melon ornee de sa plume de paon. Loin des grandes villes, le costume traditionel est encore de rigueur, amples jupes plissees, chaussettes montantes et petits souliers cires, incisives certies d’or et grandes chaines dorees qui pendent a leur coup. On traverse le petit village, devant nous s’erige une grande paroie calcaire. De l’autre cote le spectacle est grandiose. Face a nous un immense cratere aux paroies grises qui enserre comme un ecrin une splendide lagune d’un vert emmeraude, un vrai bijoux que l’on ne peut pas imaginer de l’autre cote de l’austere paroie qui le protege.
On descend tranquillement les quelques 500 m de denivele qui nous separent de ces eaux limpides et au fur et a mesure que la lumiere change la couleur de la lagune aussi, passant du vert au turquoise. On arrive au bord de l’eau et on installe notre tente pour passer la nuit a l’abris du vent. Apres une petite nuit de sommeil, on avale quelques fruits et un sandwich en guise de petit dej´et on remballe le camp.
Il faut maintenant remonter tout ce qu´on a descendu, 1h15 de labeur et de labourre dans les terres meubles volcaniques avant d´atteindre a nouveau le petit village au sommet. Sur place on jette un coup d'oeil a l'artisanat local et on se boit un petit cafe avant de poursuivre notre chemin. A venir, 6 h de rando a travers montagnes, champs et vallees pour rejoindre le petit village de Chugchilan, terminus de notre itineraire. On longe un moment la lagune sur un chemin de crete, histoire d'en profiter encore un peu.
On tourne, on retourne et on se perd sur les multiples sentiers qui descendent dans la vallee, avec pour seule indication une direction generale pointee du doigt par les paysans que l'on croise. On finit par arriver dans un petit village de montagne, ou tous parlent le quechua.
On partage un petit bout de chemin avec un groupe d'ecoliers a la sortie des classes qui arpente les memes sentiers que nous pour rentrer dans leur village. La rencontre est plutot sympa, une petite reparation de cartable improvisee et la magie opere, on a maintenant 8 jeunes admirateurs et un petit copain qui nous tient la main. Apres quelques km nos chemins se separent et comme avant toute separation c'est l'heure de l'incontournable seance photo. La camera c'est quelque chose qui fascine petits et grands, toujours reticents et timides face a l'objectif, ils sont toujours stupefaits et hilares quand ils voient leur image dans la petite boite.
On repart et on franchit un dernier rio sur un vieux pont de bois (pas rassurant) et nous voila enfin arrives a Chugchilan. Fatigues on s'endort rapidement mais a peine endormis il faut deja se lever pour le bus de 3 heures du mat' qui nous ramene a Latacunga.
De retour en ville on s'organise pour voir le Cotopaxi et le marche d'artisanat du village a cote sur les 2 jours qui nous restent, et comble de joie on parvient meme a refiler la tente qui commence a nous peser serieusement, en echange d'une bonne ristourne sur le Hit de demain. Car demain alors que Celine ronflera tranquillement dans un petit gite de bois au pied du volcan majeur d'Equateur, mes crampons et moi s'attaqueront aux pentes du geant enneige, avec pour objectif d'atteindre le sommet pour le lever du soleil.
Ce soir dans le gite la tension est a son comble, chaque cordee prepare minutieusement et silencieusement le materiel pour demain, crampons, piolets, harnais, 2 paires de gants, 2 paires de chaussettes, 2 pantalons et un peu de rations de survie. Deja 18 heures, une petite soupe et au lit pour 5 heures de sommeil (si on y arrive) et a minuit depart a la lumiere de la lune pour l'epreuve la plus physique et difficile de ma vie. Pour resumer, 7 heures d'ascension terrible d'une pente glacee a parfois plus de 60 degres a moins 7 degres en dessous de zero. Apres 1400 metres de denivele franchit le souffle haletant, en un peu plus de 6 heures, le jour commence a se lever et le vent aussi.
Autour de nous, du blanc, des nuages et quasi personne a l'horizon, le froid et la pente ont eu raison de la plupart des autres cordees. Seuls persistent quelques 50 metres au dessus un petit groupe de 3 qui s'attaquent maintenant aux derniers metres. Je suis epuise, les doigts geles, et il nous reste peu de temps pour gravir la cumbre avant que le soleil ne rechauffe trop la neige.
Il ne reste vraiment plus grand chose, mais de moi non plus, physiquement et moralement les ressources commencent a manquer. Alors que je m'apprete a abandonner, le groupe de tete fait subitement demi tour. Le vent, le froid et la neige qui tombent maintenant semblent interdire l'acces au sommet. Ouf ! l'honneur est sauf, abandon pour raison technique a pres de 5900 metres d'altitude.
La redescente est extremement longue, les jambes tremblent et la pente est d'autant plus dangereuse. De retour a la voiture la seance de questions des autres groupes qui nous voyaient deja au sommet finit par etre douloureuse car la deception est tout de meme grande et laisse un gout amer. Finalement il manquait moins de 100 petits metres, encore une heure de souffrance seulement que j'aurais peut etre pu puiser au fond de moi ! Tant pis on fera mieux la prochaine fois. Je rejoins Celine au gite, et la aussi l'echec est difficile a admettre, mais moi au moins j'ai vu le Cotopaxi, car la pauvre n'aura finalement jamais vu le volcan toujours cache derriere un epais rideau de nuages.
L'apres midi on part visiter le marche d'artisanat de Pujili, savourer nos dernieres specialites locales et faire nos ultimes amplettes en Amerique du sud, car demain soir apres un peu de bus et d'avion ce sera l'Amerique du nord et la patrie des Mayas, des Azteques, des Zapatistes.... et du guacamole !